Trump a fait des terres rares ukrainiennes un levier essentiel dans ses négociations pour un cessez-le-feu avec la Russie. Mais quelle est la réalité de ces gisements dont le sous-sol ukrainien est censé regorger ? « Marianne » a enquêté sur place.
Les concasseurs et les broyeurs à l’arrêt. Face à ce spectacle suspendu, Valeriy Kharkovets, le directeur du site, le confesse : « L’usine va mourir si aucun investissement n’est réalisé pour la fabrique ou la mine. » Nous sommes au village de Zavallya, au centre de l’Ukraine, premier gisement de graphite naturel exploité d’Europe. Il renferme 95,3 mégatonnes de cette matière essentielle à la production de batteries, de freins ou de réacteurs nucléaires modérés. Et pourtant, la compagnie minière privée Zavalievsky Mine est en déclin. Entre 1958 et 1969, le complexe était à son apogée. « La ville dénombrait environ 4 500 habitants, dont 2 000 à 2 500 travaillaient ici », poursuit-il. Un demi-siècle plus tard, on n’y compte plus que 90 salariés – alors qu’ils étaient encore 250 en 2022, au début de l’invasion russe.
À la tête de la société minière de Zavallya depuis cinq ans, Ihor Semko enchaîne les interviews pour sauver son activité : « Actuellement, on extrait du minerai un à deux mois par an, contre huit auparavant, s’inquiète-t-il. Tout le monde dit que Trump va voler les ressources. Mais notre entreprise est détenue à 70 % par des Australiens qui n’ont pas investi un centime depuis trois ans. Alors, moi, je suis très favorable à cet accord, et les gars avec lesquels je travaille aussi. Américains ou Européens, on ne fait pas de différence. » Il espère également que l’accord de création d’un fonds conjoint entre Washington et Kiev, pour l’extraction des ressources ukrainiennes, créera un engouement des compagnies étrangères pour leurs mines.