Ancien joueur pro de tennis reconverti comme entraîneur et préparateur mental, Pier Gauthier a salué la performance collective du Paris Saint-Germain malgré sa défaite contre Liverpool ce mercredi (0-1) lors du match aller des huitièmes de finale de la Ligue des champions. De quoi donner une base très solide pour signer un coup à Anfield lors du retour et ne pas se rater mentalement.
La victoire ou la porte. Piégé par Liverpool dans un huitième de finale aller dominé de bout en bout (0-1), le PSG n’a plus le choix et doit s’imposer mardi prochain à Anfield. Pour rêver d’un avenir européen, le club francilien doit gagner. Heureusement pour Luis Enrique et les siens, tout n’est pas à jeter. Loin de là. A condition d’aborder cette seconde manche face aux Reds avec le bon état d’esprit. Spécialiste de la préparation mentale des sportifs de haut niveau, Pier Gauthier a livré quelques conseils pour créer les conditions d’une qualification parisienne.
“Je pense qu’il y a deux axes. Avant toute chose, je pense que le postulat c’est ce que je ne suis pas sûr que ce soit un exploit le match retour”, a immédiatement assuré auprès de RMC Sport celui qui a été le coach de Sébastien Grosjean et Gaël Monfils pendant plusieurs années. “[…] Sur le premier match, le contenu est très bon et ils les ont quasiment étouffés. Soi-disant la meilleure équipe d’Europe a été hier complètement étouffée par un PSG que j’ai trouvé excellent.”
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Le PSG ne doit pas rabâcher le match aller
Histoire d’attaquer ce Liverpool-PSG par le bon bout, Paris doit rapidement laisser le match aller derrière lui. Avec un retour six jours plus tard en Angleterre, et un déplacement à Rennes samedi en Ligue 1, pas de temps à perdre. Et surtout pas dans des débats stériles et plus nocifs que positifs selon Pier Gauthier. Notamment sur les décisions arbitrales et le manque de réussite face au but, l’intervention d’Ibrahima Konaté sur Bradley Barcola, qui risque de faire perdre de l’influx nerveux.
“Et le danger… j’ai beaucoup entendu des commentaires mercredi en regardant le match et les plateaux après avec les intervenants, c’est de crier à l’injustice et dire que le foot est injuste, que c’est cruel. Mais en fait, je pense que c’est une grosse erreur de partir dans cet état d’esprit-là”, a enchaîné l’ancien 202e mondial de tennis. “La vie est injuste et le football est injuste. Et d’ailleurs, Luis Enrique le dit très bien après le match. Il dit que le football est injuste et qu’il faut l’accepter. Et je pense que, attention, parce que crier à l’injustice, ça pourrait déstabiliser une équipe qui tourne vraiment bien et qui joue vraiment bien.”
Avant de préciser: “Luis Enrique était assez tranquille mercredi, même si j’imagine qu’il était assez frustré. Mais des champions de cette envergure-là, en tout cas si le PSG vise à gagner la Ligue des champions et à battre Liverpool qui est peut-être la meilleure équipe du monde à l’heure actuelle, il doit avoir un état d’esprit de champion. Et un champion, il ne s’attarde pas sur l’injustice. On s’en fout de l’injustice, c’est le sport qui est comme ça.”
“Plus de risques” pour (enfin) tromper Alisson
Auteur d’un gros match, le PSG est tombé sur un Alisson Becker des grands soirs. Avec neuf arrêts, le Brésilien s’est offert le record en la matière pour un gardien de Liverpool en Ligue des champions. Surtout, l’ancien de la Roma a écœuré les Parisiens avant de lancer l’action du but vainqueur du jeune Harvey Elliott. Un braquage à l’anglaise qui a quand même beaucoup de chances de ne pas se reproduire à Anfield.
“Si vous faites un match comme ça, finir à un zéro contre vous, déjà, ça défie un petit peu les résultats qui auraient pu se passer. Mais si vous êtes capable de refaire un deuxième match comme ça là-bas […]. A un moment donné, quand vous jouez très bien et que vous faites les bonnes choses, vous avez quand même plus de chances de marquer des buts et de finir vainqueur, a encore noté Pier Gauthier. “S’ils arrivent à se concentrer sur le fait de reproduire le même genre de prestations, forcément ils vont avoir des opportunités.
Et de révéler ce qui a peut-être manqué pour faire basculer le huitième aller du bon côté: “S’ils rajoutent un tout petit peu plus finalement de… de prise de risque ou de lucidité, très légèrement, devant le but ou alors au contraire un peu plus de risque.”
“Mercredi, franchement, si ça finit à deux ou trois zéro pour le PSG, il n’y a personne qui crie à l’injustice dans l’autre sens. Donc ils peuvent tout à fait le faire.”
“Ne pas s’arrêter sur Donnarumma”
Habitué à distiller ses conseils via son site www.coachingmental.fr, Pier Gauthier a également pointé une relative fébrilité de Gianluigi Donnarumma, auteur d’une faute de main sur le but anglais. Mais le spécialiste des questions mentales dans le sport s’est radicalement refusé à en faire l’unique responsable de cette défaite au Parc des Princes. Pas question de faire du gardien italien le bouc-émissaire ou le coupable désigné. Si Paris a mis en danger Liverpool, c’est collectivement. Si Paris a perdu, c’est collectivement.
“La faute de Donnarumma, pareil, c’est plus collectif que ça. Il ne faut pas s’arrêter sur Donnarumma. Parce que si les attaquants avaient mis trois buts avant, peut-être que Donnarumma aurait fait l’arrêt aussi”, a renchéri celui qui a épaulé Christophe Galtier. “Bien sûr qu’il a peut-être été un peu fébrile Donnarumma sur cet arrêt à la 87e. Mais qui ne l’aurait pas été? Ça ne dépend pas que de lui. Vous voyez, c’est-à-dire que s’il est aussi fébrile c’est parce qu’ils ont archidominé et qu’ils sont toujours à zéro à zéro et que, forcément, il sait au fond de lui que s’il prend un but maintenant c’est horrible. Si les attaquants, si l’équipe avait mis deux buts et qu’elle menait deux à zéro, il est fort probable que peut-être qu’il aurait fait un meilleur arrêt. La fébrilité ne repose pas que sur Donnarumma, c’est la fébrilité de toute l’équipe.”
Parmi les joueurs, qui comme ‘Gigio”, ne sont pas exempts de tout reproche, le préparateur mental a souligné la grosse absence de Nuno Mendes sur le but des Reds. Certes, le Portugais a signé un match XXL pour museler Mohamed Salah. Mais “il y a un tout petit peu de relâchement” sur l’action décisive de l’autre héros Harvey Eliott et le latéral du PSG “est étonnamment mal placé sur ce truc-là”.
Aucun doute sur la motivation du PSG, Luis Enrique a bien préparé l’équipe
Malgré la frustrante défaite concédée devant leur public, Ousmane Dembélé et ses coéquipiers ne manquent pas d’éléments positifs à mettre en lumière après ce huitième aller. La performance collective des Parisiens a même quelque chose de “très valorisant” et de “très boostant” selon Pier Gauthier. En ce sens où les Reds n’ont pas existé et que le PSG a mis les bons ingrédients sur le terrain pendant cette première manche.
“Remotivation, je pense que s’ils ne sont pas motivés mardi prochain, ce serait hyper étonnant”, a aussi résumé l’ancien tennisman. “Je pense que c’est plus éviter un petit peu de partir dans des mauvais débats, recentrer sur ce qui a été bien fait et ce qu’ils peuvent faire de mieux. Et je pense que ça peut suffire.”
Habitué à parler à ses joueurs, aussi bien individuellement que collectivement, Luis Enrique devrait encore avoir pour objectif de leur transmettre sa confiance. Un peu comme en avril 2024 avant le quart de finale retour face au Barça, déjà après une défaite à l’aller à Paris, l’entraîneur espagnol avait tenu un discours très volontaire auprès de son groupe. A lui d’en faire autant avant ce choc européen à Anfield.
“Le niveau technique et physique, c’est le leur et il est bon c’est une certitude car ce sont de bons joueurs. Mais je veux dire que la préparation sur l’aspect psychologique de ce match, moi je trouve qu’il a été réussi. De la première minute à la dernière, ils ont été au taquet”, a finalement jugé Pier Gauthier. “Ils ont manqué peut-être un peu de prise de risque, un peu de lucidité devant le but. Et peut-être que Donnarumma a eu un soupçon de fébrilité à ce moment-là, la main n’est peut-être pas assez ferme. Mais à mon avis, ils ont été très bien préparés et il faut les repréparer de la même façon.”