Plus de dix jours après le sacre du PSG en Ligue des champions et les incidents qui ont entâché les célébrations, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a noté, devant la commission des lois de l’Assemblée nationale, une “légère augmentation des atteintes sexuelles”, sans pour autant constater d'”explosion”.
Pas d'”explosion” mais “très clairement un chiffre noir”. Auditionné ce mardi par la commission des Lois de l’Assemblée nationale sur les incidents et les violences survenues dans la capitale en marge de la victoire du PSG en Ligue des champions, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a été interpellé par une députée sur les violences sexistes et sexuelles.
D’après l’élue socialiste de Paris Céline Hervieu, l’homme en charge du dispositif sécuritaire dans la capitale a “un tout petit peu minimisé l’angle des violences sexistes et sexuelles qui ont eu lieu” dans son bilan. “Il y a beaucoup de femmes qui ont témoigné avoir été agressées parce qu’elles portaient des débardeurs ou des jupes”, a-t-elle expliqué.
De nombreux témoignages
Face à ces déclarations, Laurent Nuñez s’est défendu. “Je ne nie pas du tout le fait qu’il y ait pu avoir des agressions sexuelles, a-t-il d’abord assuré. Je comprends que pour une jeune femme, ce soit compliqué de se balader en jupe.”
Et de poursuivre: “Ce que je dis simplement, c’est que nous n’avons pas trouvé dans les plaintes pour agression sexuelle une augmentation. Sur les atteintes sexuelles, on a eu 26 faits sur tout Paris, aucune poussée importante sur les 8e, 16e et 17e arrondissements – les endroits où ça a été le plus difficile – et c’était 11 sur le week-end précédent.”
Selon lui, “il y a eu une légère augmentation des atteintes sexuelles, mais ce n’est pas non plus une explosion. Mais encore une fois, je pense qu’il y a très clairement un chiffre noir”, soit un écart entre les faits réels et les statistiques des autorités.
C’est d’ailleurs ce qui ressort des nombreux témoignages de femmes qui ont dénoncé des violences sur les réseaux sociaux ou dans la presse. Si elles ont été la cible d’agressions verbales ou physiques, certaines n’ont pas fait de signalement. À l’instar de Laura, prise à partie par “deux hommes éméchés” alors qu’elle sortait ses poubelles.
“Ils m’ont d’abord invectivée en me disant : ‘Qu’est-ce que c’est que ce legging?’ L’autre a dit: ‘Gros cul’. Des choses vraiment déplacées. J’ai ouvert la porte vitrée et ils ont commencé à frapper dessus comme des gorilles”, a-t-elle confié à FranceInfo.
Interrogée par Le Parisien, Dounia a, elle, raconté avoir été agressée par un homme d’une quarantaine d’années sur les quais de Seine. “Je le vois qui s’approche et, brusquement, je sens sa main qui m’agrippe les fesses, a-t-elle raconté. Il m’a insultée et violemment poussée, avant de s’éloigner en compagnie de son ami.”
Pour Céline Hervieu, le constat est amer. “En tant que Parisienne, je ne suis pas sortie ce soir-là et ça fait bien longtemps qu’en tant que femme à Paris je ne sors plus lors d’événements comme ceux-là parce que je sais ce que je risque de me retrouver au milieu d’un groupe d’hommes alcoolisés avec les remarques, les violences, le harcèlement que cela peut occasionner”, a-t-elle déploré devant le préfet de police de Paris.
“Pas de graves dysfonctionnements”
D’un point de vue global, les images des violences survenues principalement sur l’avenue des Champs-Élysées et autour du Parc des Princes ont déclenché une vive polémique sur le format du dispositif sécuritaire.
Il y a eu 559 interpellations dont 491 à Paris, qui ont conduit à 320 gardes à vue dont 254 dans la capitale. Durant la soirée du samedi au dimanche, deux personnes sont décédées, 22 membres des forces de l’ordre ont été blessées, tout comme sept sapeurs-pompiers et 192 manifestants.
“J’assume la totale responsabilité de ce dispositif, préparé et calibré (…) Pour moi, il n’y a pas de graves dysfonctionnements, a pourtant clamé Laurent Nuñez à l’Assemblée. Ce n’était pas un fiasco sécuritaire (…) On a évité bien des exactions.”