Première journée de réquisitions du PNF au procès libyen. Nicolas Sarkozy est dépeint en « instigateur, commanditaire et bénéficiaire » du pacte de corruption noué en 2005 avec le régime sanguinaire de Kadhafi. « Vertigineux », a admis l’un des trois procureurs de l’audience.
C’est un détail mais il s’affiche en haut à gauche de l’écran géant de la salle d’audience, dans le plan des réquisitions que le parquet national financier : une Marianne tricolore avec la devise de la République. C’est bien en son nom, celui du peuple français, que les trois magistrats du ministère public parlent aujourd’hui. Leur cible principale, un ancien président de la République, est assise au premier rang, juste en face à eux. Tête renversée en arrière, jambes croisées et pieds qui battent la chamade, Nicolas Sarkozy essuie sans broncher six heures d’une violente charge qui le place en tête de l’association de malfaiteurs du dossier libyen.
Le cerveau, le donneur d’ordres, « l’instigateur » et « le bénéficiaire du pacte de corruption », c’est lui. Lui seul. Et s’il n’y a pas de « preuves » de son implication personnelle, comme il le répète en boucle depuis dix ans, le parquet lui retourne l’argument. C’est que tout le pacte est justement conçu, réalisé, exécuté, pour le mettre à l’abri. Pour le protéger. Pour que seuls les fusibles, son ancien bras droit, Claude Guéant, et son « frère », Brice Hortefeux, trinquent en cas de pépin. Eux seuls ont géré celui que le PNF appelle « l’agent corrupteur », Ziad Takieddine, le porteur de valise, le blanchisseur… Lui jamais. Lui a gardé les mains propres. A eux seuls, les fusibles, les basses œuvres.