L’Observatoire du football CIES a dévoilé cette semaine un classement des clubs de football les plus suivis sur les réseaux sociaux. Parmi les qualifiés pour la Coupe du monde des clubs, Flamengo et Al-Ahly se distinguent et concurrencent certains géants d’Europe. Une popularité qui peut surprendre mais que Marcelin Chamoin et Hamza Rahmani décryptent pour RMC Sport.
La star n’est parfois pas celle qu’on croit. La Coupe du monde des clubs 2025 débute dans la nuit de samedi à dimanche (2h) par une affiche entre l’Inter Miami de Lionel Messi et la formation égyptienne d’Al-Ahly. Sur le papier, la présence de la star argentine confère un prestige et une aura incroyable à son équipe. Mais sur les réseaux sociaux, c’est pourtant le club africain qui fait parler de lui.
Dans sa lettre hebdomadaire publiée à quelques jours du début de la compétition aux États-Unis, l’Observatoire du football CIES a publié un classement des clubs les plus suivis sur les réseaux sociaux. Sans trop de surprise, les clubs européens (et même sans compter les géants non-qualifiés comme le Barça ou Manchester United) trustent les premières places.
Si l’on se limite aux participants à cette Coupe du monde des clubs, le Real Madrid (473,7 millions d’abonnés en cumulé) devance le Paris Saint-Germain (199,4 millions) et Manchester City (179,5 millions). Le top 10 a ainsi comme un air de Ligue des champions puisque seul Flamengo parvient à s’y glisser à la neuvième place devant le Borussia Dortmund.
Premier non-européen de cette Coupe du monde des clubs sur les réseaux sociaux, le Mengão (66 millions d’abonnés en cumulé) fait ainsi mieux que les Égyptiens d’Al-Ahly (57,7 millions d’abonnés) et l’Inter Miami (38,4 millions). Si la présence des Floridiens n’est pas une surprise compte-tenu de leur effectif truffé de stars, la popularité de Flamengo et d’Al-Ahly peut étonner.
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Brésil et Égypte, des pays à la grosse culture foot et densément peuplés
Avec plus de 14 millions d’abonnés sur X (ex-Twitter) et plus de 22 millions de passionnés sur Instagram, Flamengo abreuve ses supporters de contenu sur les réseaux sociaux. Notamment sur la seconde plateforme citée, le club de Rio fait mieux que certains cadors européens comme Tottenham, l’Atlético de Madrid ou encore les deux frères ennemis de Milan. Idem pour Al-Ahly dont la majorité des fans se trouvent sur X et sur Facebook puis Instagram.
Cette puissance numérique s’explique d’abord par un argument très factuel: le Brésil et l’Égypte sont deux pays très peuplés avec respectivement 211,1 millions de citoyens et 114,5 millions d’habitants. Surtout, ils sont restés des nations où le football est le sport roi.
“L’Égypte est un pays de plus de 100 millions d’habitants quand même. Donc en termes de masse, c’est vrai qu’il y a beaucoup de supporters égyptiens aujourd’hui qui supportent Al-Ahly, qui est le club le club national”, souligne Hamza Rahmani, spécialiste du football africain pour RMC Sport. “Sans compter la propension qu’a ce club à avoir des joueurs légendaires non seulement pour le club mais aussi pour la sélection égyptienne. C’est peut-être moins le cas aujourd’hui, mais si on prend la génération égyptienne dorée des années 2006, 2008, 2010, quand on regarde l’effectif il y a une grosse quantité de joueurs qui évoluent justement du côté d’Al-Ahly.”
Flamengo “c’est vraiment comme Marseille en fait”
Localisés à Rio de Janeiro et au Caire, Flamengo et Al-Ahly se trouvent dans des métropoles majeures et disposent d’une forte base de supporters sur place. Mais au Brésil comme en Égypte, ce sont aussi les deux clubs les plus populaires au niveau national.
Le Mengão, à l’inverse de son rival Fluminense, a ainsi rapidement récupéré cette image de club populaire auprès du public brésilien, notamment en recrutant des joueurs noirs dès les années 30 à une époque où les discriminations raciales restaient importantes dans le pays.
Une ouverture auprès d’un public plus modeste qui a vite séduit certaines classes de population moins aisées. La popularité de Flamengo a aussi grandi grâce à ses voyages dans tout le pays comme l’analyse Marcelin Chamoin, créateur d’un blog en portugais sur Flamengo, et spécialiste du football brésilien pour le site Lucarne Opposée.
“A l’époque de la fondation du club, quand il y avait moins de matchs officiels, le club partait dans des tournées au Brésil et notamment dans le Nordeste et dans le nord du pays, qui sont des régions plus pauvres où il y avait moins de grands clubs. Flamengo partait régulièrement en début d’année pour faire des matchs contre des équipes locales et les gens sur place voyaient un grand club dès les années 1910. Cela a permis au club de capter des supporters en-dehors de Rio de Janeiro”, indique à RMC Sport ce passionné de Flamengo. “Depuis 1950, il y a le Maracanã et ça a aussi aidé à gagner en popularité. S’il fallait comparer avec un club en France, c’est vraiment comme Marseille en fait. C’est vraiment le club national.”
“On trouve forcément des supporters à Rio, mais vraiment dans tout le Brésil, et ça me semble être le seul club au Brésil qui arrive à capter autant de supporters de différentes régions du Brésil.”
Al-Ahly c’est une “institution” avec des fans passionnés
Ce constat vaut également pour Al-Ahly en Égypte, où le club fait office de véritable institution nationale. Au-delà de sa contribution aux succès des Pharaons, la ferveur de ses fans est reconnue. A l’inverse d’un certain nombre de clubs égyptiens créés dans les années 2000 et qui ne possèdent pas de véritable base de supporters.
“Si on prend le championnat de première division, il y a deux ou trois clubs avec une base colossale. Al-Ahly en fait partie, comme le Zamalek”, explique ainsi Hamza Rahmani. “En fait aujourd’hui, comme il y a de plus en plus de clubs presque créés de toutes pièces, il reste finalement les institutions. Et Al-Ahly, évidemment, c’est une institution.”
Pour preuve de cette ferveur des supporters, le spécialiste du foot africain de RMC Sport rapelle volontiers l’emballement sur les réseaux sociaux en marge de la signature de Mohamed Abdelmonem à Nice en provenance d’Al-Ahly. Le club égyptien dispose même d’un compte sur X en français avec plus d’un million d’abonnés.
“A partir des premières rumeurs, il y avait des commentaires de supporters égyptiens. Lorsqu’il a signé, les comptes de supporters d’Al-Ahly ou même globalement de supporters égyptiens demandaient des photos des entraînements, de l’actualité autour d’Abdelmonem”, se remémore encore le journaliste. “[…] Al-Ahly c’est l’un des clubs qui a compris justement le pouvoir des réseaux sociaux en Afrique. Il est assez actif.”
“Il y a le compte Twitter en français, leur site internet aussi est en anglais, en français et en arabe. Donc c’est vrai qu’eux se sont rapidement ouverts au monde.”
Al-Ahly, “un club craint partout en Afrique”
A l’inverse de l’Inter Miami et sa bande d’anciennes gloires du Barça, Flamengo comme Al-Ahly ne peuvent pas compter sur un coup de boost médiatique lié à la présence d’une star internationale.
Plutôt que des noms, les clubs brésiliens et égyptiens se sont forgé une grosse réputation grâce à leurs performances. Au moment de présenter Al-Ahly sur la chaîne YouTube de l’After Foot, Hamza Rahmani rappelait les performances incroyables de la formation cairote.
“Cette équipe d’Al-Ahly, c’est l’équipe la plus titrée sur le continent africain. C’est même l’équipe qui a le plus de titres au monde avec 155 titres glanés dans son histoire. C’est le Real Madrid d’Afrique. Dans l’idée, c’est vraiment le mastodonte historique”, glissait le spécialiste début juin. “Lorsqu’il est en forme, le club c’est un rouleau-compresseur. Déjà au pays mais aussi sur le continent.”
Vainqueur de la Ligue des champions africaine en 2020, 2021, 2023 et 2024, Al-Ahly a atteint les demi-finales en 2025 avant d’être éliminé sans perdre via la règle du but à l’extérieur sur un but contre son camp dans les derniers instants du match retour.
A deux jours du match inaugural de la Coupe du monde des clubs, le journaliste abonde encore sur la puissance sportive de cette équipe: “Al-Ahly, ce n’est pas un club qui est supporté partout en Afrique. Mais c’est un club qui est craint partout en Afrique par contre.”
“Aucun supporter n’est ravi de voir son équipe jouer Al-Ahly en Ligue des champions. Parce que tu sais que ça va être compliqué.”
Flamengo n’a pas de stars “mais une équipe très compétitive”
Moins dominateur au niveau continental que peut l’être Al-Ahly en Afrique, Flamengo n’en reste pas moins une référence. Vainqueur de ses derniers titres de champion du Brésil en 2019 et 2020, le club carioca a également disputé trois finales de Copa Libertadores (2019, 2021 et 2022) pour deux sacres (2019 et 2022). Pas suffisant pour attirer les plus grandes stars mondiales mais assez pour séduire des partenaires et forger une belle équipe avec l’ex-Marseillais Gerson ou l’Italien Jorginho.
“Sur les dernières années, il n’y a pas forcément eu de joueurs vraiment connus en Europe qui sont arrivés. Mais au moins en Amérique du Sud, il y a des joueurs connus qui sont là et même depuis des années comme Gerson qui est revenu”, insiste même Marcelin Chamoin. “Mais non, il n’y a pas de stars. Par contre, il y a quand même un bon travail avec maintenant beaucoup de revenus qui permettent d’avoir une équipe très compétitive qui joue les titres chaque année.”
Et ce passionné de Flamengo de résumer: “Depuis maintenant une dizaine d’années, le club a de très beaux résultats donc il parvient encore à attirer des plus jeunes supporters. Il y a des joueurs importants qui ont été signés aussi sur les dernières années donc ce n’est pas une surprise.”
Les calendriers d’Al-Ahly et de Flamengo à la Coupe du monde des clubs
Groupe A:
- Al Ahly-Inter Miami, le 15 juin à 02h00
- Al Ahly-Palmeiras, le 19 juin à 18h
- Al Ahly-Porto, le 24 juin à 03h00
Groupe D:
- Flamengo-Espérance Tunis, le 17 juin à 03h00
- Flamengo-Chelsea, le 20 juin à 20h
- Flamengo-Los Angeles FC, le 25 juin à 03h00