La clarification de l’IFAB sur la règle de la double touche sur un tir au but met l’UEFA à défaut, selon un ancien arbitre espagnol après la validation par la confédération européenne du tir au but annulé de Julian Alvarez en Ligue des champions.
Une clarification près de trois mois après l’une de grosses polémiques de la saison. Mardi, l’IFAB, qui gère les lois du jeu, a précisé un point important de la loi 14 sur les penalties au sujet du double contact au moment d’une frappe. Le 12 mars dernier, Julian Alvarez a vu a tentative refusée après avoir involontairement touché le ballon à deux reprises lors de la séance de tirs au but perdue par l’Atletico de Madrid perdue contre le Real Madrid (1-0, 2 t.a.b. 4) en quart de finale retour de la Ligue des champions. La décision de l’arbitre polonais Szymon Marciniak avait provoqué la grosse colère de l’Atlético et une vive polémique.
“Quelles absurdités racontez-vous?”
L’UEFA avait tenté de clore le débat en validant le choix de ce dernier. Sauf que le rappel de l’IFAB mardi contredit à la fois la confédération européenne et l’arbitre. Dans son document, l’instance indépendante rappelle que le tir au but est à retirer s’il a été marqué après que le tireur a touché involontairement le ballon à deux reprises.
“Le tireur touche accidentellement le ballon des deux pieds, que ce soit simultanément, ou que le ballon touche coup sur coup un pied/une jambe puis l’autre au moment du tir:
– si le ballon entre dans le but, le penalty ou le tir au but doit être retiré
– si le ballon n’entre pas dans le but, un coup franc indirect est accordé (sauf si l’arbitre laisse l’avantage car cela profite clairement à l’équipe en défense) ou, en cas de séance de tirs au but, le tir est inscrit comme raté.”
L’IFAB pointe du doigt une mauvaise interprétation récurrente des arbitres, qui confondent l’application de la règle selon que la double touche est accidentelle ou volontaire. “En raison de la rareté de ce type de situation, celle-ci n’est pas directement couverte par la Loi 14”, convient l’IFAB. “Ainsi, les arbitres ont naturellement eu tendance à sanctionner le tireur pour avoir retouché le ballon avant que celui-ci n’ait été touché par un autre joueur, accordant de ce fait un coup franc indirect à l’équipe adverse ou, dans le cas d’une séance de tirs au but, inscrivant le tir comme raté.
“L’IFAB était très en colère”
Pour l’ancien arbitre espagnol, Eduardo Iturralde González, la mise au point de l’IFAB est un rappel d’une loi existante et pas une modification de texte. Elle agit, selon lui, comme un terrible désaveu pour l’UEFA, accusée de ne pas connaître les règles. “L’IFAB est un organisme indépendant, distinct de l’UEFA et de la FIFA”, a-t-il rappelé sur la Cadena Ser. “C’est le seul organisme habilité à statuer sur les règles du jeu et à les clarifier. L’IFAB était très en colère et a tiré les oreilles de l’UEFA parce qu’elle avait publié une vidéo justifiant la décision de l’arbitre (Marciniak), alors que ce n’était pas le cas.”
“Une institution aussi sérieuse que l’UEFA publie une vidéo, à laquelle on croit ou non, montrant que Julián Álvarez a touché le ballon à deux reprises lors du penalty”, porsuit-il. “Et l’UEFA déclare: ‘en raison de ces deux touches, le penalty a été annulé à juste titre.’ Alors c’est le plus grave… Parce que l’IFAB dit à l’UEFA: ‘Qu’est-ce que vous me racontez?’ Une institution comme l’UEFA ne connaît pas les règles du jeu? Le gros scandale, c’est que l’UEFA publie une vidéo affirmant que l’arbitre a pris la bonne décision. Et l’IFAB, qui est la seule à pouvoir parler des règles, répond: ‘Qu’est-ce que vous racontez? Quelles absurdités vous racontez?’”.