Joël Le Scouarnec a été condamné ce mercredi 28 mai à 20 ans de prison, incompressible des deux tiers, et sans rétention de sûreté. Mais la plus grande affaire pédocriminelle de France aurait pu, et même dû, s’arrêter beaucoup plus tôt si les instances médicales n’avaient pas sombré dans une invraisemblable succession de défaillances.
Thibaut Kurzawa l’avait résumé lundi 26 mai lors de sa plaidoirie pour la défense de Joël Le Scouarnec : « S’il n’y a qu’un seul coupable ici, il n’y a pas qu’un seul responsable ». C’est ce qu’aura tenté, aussi, de déterminer la cour criminelle départementale du Morbihan qui jugeait, depuis le 24 février, l’ancien chirurgien pour une hallucinante série d’agressions sexuelles et de viols commis sur des centaines de patients, mineurs pour la plupart, pendant des décennies dans plusieurs hôpitaux de l’ouest de la France.
Si la tentative est restée vaine sur le plan purement juridique, les auditions ont malgré tout esquissé le portait d’un monde médical malade de sa bureaucratie, de son aveuglement voire de sa désinvolture. Notamment lorsque se sont succédé à la barre plusieurs anciennes figures de différentes institutions : hôpitaux, agence régionale de l’hospitalisation (ARH), direction départementale des affaires sociales et sanitaires (DDASS) ou encore ordres départementaux de médecin. Aucune d’entre elles n’a véritablement assumé, s’embourbant dans des explications alambiquées sur leurs propres défaillances ayant permis au praticien d’agir en toute impunité. Chirurgien qui faisait passer ses attouchements pour des gestes médicaux lorsqu’il était questionné par des parents circonspects, et contre qui aucune plainte n’avait, du reste, été déposée avant l’enquête tentaculaire menée suite à son arrestation pour le viol de sa voisine en 2017…