Alors que l’une des juges du procès Maradona en Argentine a participé sans autorisation à la préparation d’un documentaire, celle-ci a été mise à l’écart. Mais les débats n’ont pas encore repris.
Le tribunal argentin jugeant les circonstances de la mort de Maradona a remis à jeudi une décision sur la poursuite, ou l’éventuelle nullité, du procès, après le scandale qui a vu mardi une des trois juges récusée pour avoir collaboré, à l’insu de tous, à la préparation d’un documentaire.
Étant donné les questions liées à la récusation de Julieta Makintach, “nous convoquons une audience après-demain (jeudi), pour donner les fondements de la décision”, a déclaré le président du tribunal, Maximiliano Savarino, après avoir entendu les arguments des parties, qui en majorité ont plaidé pour une reprise à zéro du procès, débuté il y a deux mois et demi à San Isidro (nord de Buenos Aires). Le tribunal a convoqué l’audience pour jeudi à 12h, heure locale.
Quelques heures plus tôt, le juge Savarino avait ordonné la mise à l’écart de sa collègue Makintach, considérant qu'”ont été prouvées des circonstances affectant (son) impartialité”. “Ce qui s’est passé et a été vérifié est extrêmement grave”.
Un documentaire au cœur du scandale
Les parties au procès avaient mardi plaidé pour le dessaisissement de la magistrate de 47 ans, après la saisie de vidéos, lors de perquisitions depuis une semaine, montrant que la juge avait activement collaboré à la préparation d’une mini-série documentaire dont elle était protagoniste. Cette série promet de conter “Une idole, une juge, un procès”. Des extraits de cette production en préparation, intitulée “Justice divine” (en référence au “Dieu” Maradona), notamment une bande-annonce, ont été diffusés mardi à l’audience.
Après la récusation, une majorité des parties au procès en ont demandé la nullité, “pour que puisse être désigné un nouveau tribunal, et qu’on puisse recommencer”, a ainsi plaidé Nicolas D’albora, avocat de l’infirmière Nancy Forlini. “Un nouveau tribunal serait le plus sain”, a appuyé Mario Baudry, avocat de Veronica Ojeda, ex-compagne de Maradona.
Après sept jours de suspension, le procès Maradona, au parfum désormais de débâcle judiciaire, avait repris mardi. Il juge sept professionnels de santé – médecins, psychiatre, psychologue, infirmiers – pour négligences ayant potentiellement entraîné la mort de l’astre du football, en novembre 2020 sur un lit de convalescence à domicile, en post-neurochirurgie. Le procureur Patricio Ferrari a lui aussi demandé la désignation de nouveaux juges, mais estimé “que l’on pourrait recommencer dans un mois”. Deux des avocats de la défense ont pour leur part plaidé pour une poursuite du procès, avec la seule désignation d’un nouveau magistrat pour remplacer la juge Makintach récusée.