Depuis son arrivée au pouvoir, Donald Trump multiplie les déclarations tonitruantes : licenciements de fonctionnaires, coupe des aides humanitaires… Encore ce jeudi, le président a apostrophé la banque centrale américaine en lui reprochant de ne pas avoir baissé les taux. « La Fed ferait BEAUCOUP mieux de RÉDUIRE SES TAUX alors que les droits de douane américains commencent à se frayer (faciliter!) un chemin dans l’économie », a-t-il écrit sur son réseau social Truth.
De quoi faire réagir ses opposants qui n’ont pas tardé à se saisir de la justice. Au total, 129 poursuites ont été enregistrées contre l’administration Trump depuis le début de son mandat, d’après le site Justsecurity. Mais Donald Trump jouit d’une position confortable puisque au-delà du pouvoir exécutif qui lui permet de soumettre de nombreux projets de lois au Congrès, il dispose également du soutien de la Chambre des représentants, le parti républicain y ayant obtenu la majorité absolue. De quoi lui donner des marges de manœuvre importantes.
Au grand dam des institutions sur lesquelles il entend bien peser de tout son poids à l’instar de l’UNICEF, l’USAID, ou encore la FED… Mais quel pouvoir peut-il réellement exercer sur celles-ci ? La Tribune vous explique.
USAID : l’agence américaine de développement dans le viseur de Trump
Dès le soir de son investiture, le milliardaire s’en est pris à l’agence américaine de développement, l’USAID, en gelant les aides via un décret. L’objectif selon lui ? Stopper le « gâchis » d’argent. Une décision choc pour les milieux humanitaires dans le monde avec de nombreuses conséquences pour les organisations. Le 7 février, quasiment tout le personnel de l’agence est suspendu. Début mars, l’administration Trump va encore plus loin en décidant de supprimer 83 % des programmes, représentant des dizaines de milliards de dollars d’aide.
Mais malgré les mesures chocs prises par Donald Trump, ce dernier va sans doute devoir faire marche arrière : pour un tribunal fédéral, supprimer l’USAID serait « probablement » inconstitutionnel. Reste à savoir si les décisions de justice vont être respectées : un juge fédéral a notamment accusé le gouvernement en février de ne pas avoir respecté un jugement concernant le gel de dépenses fédérales. « Les juges ne sont pas autorisés à contrôler le pouvoir légitime de l’exécutif », avait de son côté déclaré J.D Vance, le vice président, courant février.
Le financement des institutions de l’ONU en danger
Le président vise également les institutions des Nations unies. En janvier, il a signé un décret pour retirer les États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le 4 février, il en a signé un autre pour, cette fois, prolonger la suspension du financement américain pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Il a par ailleurs lancé un audit sur l’implication des États-Unis dans l’Unesco et plus largement sur le « financement américain dans l’ONU au regard des disparités dans les niveaux de financement entre différents pays ».
Dans les faits, les institutions de l’ONU ne sont pas sous le contrôle des États-Unis. Le président a donc le pouvoir de supprimer les aides allouées à ces institutions par un décret. Les États-Unis avaient d’ailleurs déjà quitté l’Unesco sous le premier mandat du président. Cependant, les décrets peuvent toujours être soumis aux tribunaux et récusé s’il ne respecte pas la Constitution. Concernant l’OMS, la sortie des États-Unis n’est pas immédiate et va devoir prendre quelques mois avant d’être effective.
De son côté, l’Unicef a reçu des ordonnances de résiliation de financement de ses programmes par les États-Unis, précise le Fonds des Nations unies pour l’enfance à La Tribune, qui dépend également en partie de l’USAID. Et ce, alors que « le gouvernement américain est l’un des principaux partenaires de l’Unicef dans le domaine de l’action humanitaire », précise-t-il.
La Fed, la banque centrale américaine indépendante
Une nouvelle fois, Donald Trump a menacé, ce jeudi, la banque centrale américaine, la Fed, pour qu’elle réduise ses taux après qu’elle a opté pour le statu quo mardi.
Pour autant, malgré sa volonté de voir la politique monétaire du pays s’assouplir, Donald Trump, n’en a, dans les faits, pas le pouvoir. La réserve fédérale américaine est indépendante : le président ne peut pas intervenir dans ses décisions. Par ses effets d’annonce et menaces, Donald Trump ne peut donc qu’espérer influencer la politique monétaire de la Fed.
Néanmoins, le gouvernement peut toujours exercer un droit de surveillance sur la Fed. En outre, les membres du bureau des gouverneurs comme le président et le vice-président de la Fed sont choisis par le chef de l’État, puis confirmés par le Sénat. Mais, pour éviter toute interférence politique, leur mandat est plus long que celui des élus fédéraux. De son côté, Jerome Powell raccrochera sa veste de président de la Fed en mai 2026.
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