La plupart des personnages peints par Vélasquez (1599-1660) fixent le visiteur, l’apostrophent. Hommes et femmes de la rue, bouffons et puissants de la cour d’Espagne, le roi Philippe IV… Leurs regards sont des hameçons qui conduisent à leurs âmes. Regards en errance, en absence souvent, mélancoliques parfois, les personnages de Vélasquez semblent réclamer de la compréhension, de la compassion, de l’amour même, peut-être. Leurs regards sont des points d’interrogation.
Quel est le sens de leur vie, celui de la vie ? Ils nous interpellent, espèrent des réponses. Leur questionnement demeurera orphelin pour les siècles et les siècles. Les costumes magnifiquement restitués par Vélasquez ne font pas l’homme. Les habits peints, soyeux, luxueux et raffinés ne masquent pas la gravité des regards. Ils la mettent en lumière. Mis à la fois en abyme et en beauté, le maître parvient à peindre la bulle dans laquelle chaque personnage flotte. Il peint les doutes induits par notre condition d’humain.