Volkswagen a vécu un exercice 2024 tumultueux. Et sans surprise, ses résultats, publiés ce mardi, en témoignent. Après avoir enchaîné les profits records ces dernières années, le groupe de Wolfsburg a vu son bénéficie chuter de plus de 30 %, à 12,4 milliards d’euros. Son chiffre d’affaires a pourtant progressé de 0,7 %, à 325 milliards d’euros, quand son état-major s’attendait à une baisse, alors que ses ventes de voitures ont globalement reculé de 3,5 %, à 9 millions d’unités.
Mais le groupe a essuyé une flambée de ses coûts fixes, conséquence d’un gros programme de restructuration. Cela a pesé sur la marge opérationnelle, à 5,9 % contre 7 % en 2023. C’est toutefois un peu mieux que ce à quoi le numéro un européen de l’automobile s’attendait après son « profit warning » du mois de septembre. Il ne tablait alors que sur 5,6 %.
Volkswagen, qui est à la tête des marques VW, Porsche, Skoda et Audi, souffre de plusieurs maux. Le premier est la perte d’importantes parts de marché en Chine. Dans l’empire du Milieu, le constructeur écoule toujours une voiture sur trois. Mais ses ventes y ont baissé de 9,5 %, dans le sillage d’une concurrence accrue des marques chinoises, de plus en plus agressives, et technologiquement en avance dans le segment stratégique de la voiture électrique.
35 000 emplois supprimés en Allemagne
Sur le Vieux Continent, la hausse des coûts fixes pèse sur ses résultats alors que le groupe pâtit de ventes en fortes baisses en Europe, depuis des années, par rapport à celles d’avant l’épidémie de Covid-19. Au mois de décembre, après des mois de difficiles négociations avec les syndicats, le constructeur a annoncé la suppression de pas moins de 35 000 emplois outre-Rhin, soit 10 % de ses troupes dans le pays. Le groupe entend diminuer sensiblement sa production de 700 000 unités.
Comme d’autres géants du secteur, Volkswagen souffre d’un trou d’air des ventes de voitures électriques. Il va, cependant, bénéficier de la décision récente de Bruxelles de ne pas infliger d’amendes aux constructeurs en retard sur ce segment. En Amérique du Nord, en revanche, Volkswagen a vu ses ventes progresser significativement, de 6,4 %.
Pour cette année 2025, Volkswagen va de nouveau serrer les dents, dans un contexte aussi difficile qu’incertain. En témoignent, par exemple, les décisions et rétropédalages incessants de Donald Trump sur le dossier des droits de douane… « Les défis proviendront en particulier d’un environnement caractérisé par l’incertitude politique, l’augmentation des restrictions commerciales et des tensions géopolitiques, l’intensité croissante de la concurrence, la volatilité des marchés des matières premières, de l’énergie et des changes, et des exigences plus strictes en matière d’émissions », égrène le constructeur dans un communiqué. Pas simple, dans ces conditions, de tirer des plans sur la comète.
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Pierre Manière