“Vous n’avez pas peur que quelqu’un vous casse la gueule un jour ?” : hors des villes, la discrète vie des LGBT+

Marianne - News

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En France, près d’un quart des personnes LGBT + vivent aujourd’hui en zone rurale ou périurbaine, selon les dernières estimations de l’Ined. Un chiffre en hausse, qui bouscule les clichés tenaces associant identité queer et vie citadine. Si les grandes villes restent souvent perçues comme les seuls lieux d’épanouissement possible, nombre de personnes LGBT + choisissent pourtant la campagne – par attachement, par fatigue des codes urbains ou par volonté de réinventer leur quotidien. Dans ces territoires où les structures associatives sont rares et les regards parfois pesants, elles racontent une vie faite de discrétion mais aussi de réinventions silencieuses.

La campagne n’est pas toujours hostile. Parfois, elle est juste lente. Et cette lenteur, dans certaines vies, fait germer des libertés que les slogans n’oseraient nommer. Les LGBT + ne sont pas tous montés à la ville comme des Rastignac égarés sur le pavé goudronné des illusions, pour obéir à ce poncif tenace qui voudrait que l’âme queer ne puisse éclore qu’entre deux néons et trois stations de métro. Certains sont restés, par choix ou par attachement, dans les replis discrets de la carte de France : une vallée solognote, un faubourg de ville moyenne, un bourg sans train, où les silences durent parfois plus que les saisons. Là, ils ont appris à se construire sans modèle, à aimer sans théâtre, à marcher dans les labours de l’identité sans toujours trouver les mots pour dire qui l’on est.

S’installer sans fuir : Léo et Cassandre

« La campagne ne m’opprime pas, elle ne m’a jamais opprimée. Mais je n’avais pas de mots pour dire ce que je ressentais ». Léo a 29 ans. Elle ne sait trop comment se genrer, hésite parfois, navigue entre les pronoms comme on avance dans une langue étrangère. Pour les besoins de l’article, elle accepte le féminin : « Après tout, je ressemble à une femme, ça, un article ne pourrait le retranscrire ! ». Son rire, cristallin, fait naître une fossette légère, logée sur le seul côté droit de son visage – comme si la joie elle-même gardait un biais secret. Derrière elle, Cassandre, timide, presque effacée, l’enveloppe d’un regard d’une tendresse muette. De quelques années son aînée, elle semble veiller sur Léo comme on veille sur une flamme fragile. Ensemble, elles ont quitté Paris pour un ancien corps de ferme niché entre Lamotte-Beuvron et Romorantin. Une bâtisse de pierre et de silence, qu’elles retapent à deux avec l’endurance des amours qui savent durer. « On est loin de La Mutinerie, hein ? », glisse Léo dans un éclat de malice.

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