William Marx, préfacier de la lettre du pape François « Louée soit la lecture » (Éditions des Équateurs), esquisse le portrait d’un pape profondément humain, épris de littérature et libre face aux dogmes. Volontiers humoristique, révolutionnaire à bien des égards, le pape défunt laisse un héritage spirituel et intellectuel précieux, pleinement incarné.
La disparition du pape François, survenue le 21 avril dernier, laisse un vide immense, à la mesure de la présence qu’il incarnait. William Marx, écrivain et professeur au Collège de France, met en lumière quelques-uns des traits essentiels de ce pape si singulier. Jésuite, amoureux des lettres – qu’il considérait comme un chemin vers la vérité et le Salut – il était d’une humilité profonde. Volontiers ironique, tenant les dogmes et son propre magistère à bonne distance, le pape François porta une attention constante aux pauvres et à ceux que l’Église laisse parfois en marge. Rencontre.
Marianne : Quel rôle la littérature a-t-elle joué dans la formation intellectuelle et spirituelle du pape François ?
William Marx : Le pape François, né Jorge Mario Bergoglio, a été très tôt marqué par la littérature. Jeune jésuite, dans les années 1960, il l’enseigne pendant deux ans dans un lycée argentin – une expérience brève mais décisive dans son parcours intellectuel et spirituel. Lecteur passionné, il a toujours accordé une place centrale à la poésie et aux grands romans, en particulier ceux de Dostoïevski, dont il admirait la profondeur morale. Cette relation intime aux livres révèle une facette méconnue du pape : celle d’un homme dont la pensée et la sensibilité ont été façonnées par la lecture.